mercredi 3 mars 2010

LE 13e CANDIDAT

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Politiquement clean ou kleenex ? Telle est la question que l’on peut se poser au sujet du candidat no 13 de la liste de la Majorité présidentielle aux élections régionales des 14 et 21 mars 2010.

En effet, ce candidat, qui n’est autre que le maire de Frasne, M. Alpy, a un parcours quelque peu atypique dans le microcosme politique local et régional.

En 2001, il est le candidat officiel de la Droite (Majorité départementale) ; en face de lui se présente le candidat sortant de Droite, Jean-Pierre Gurtner, qui n’est pas soutenu officiellement par la Droite. Pourtant, au premier tour, ce dernier obtient 34,59 % des voix sur le canton de Levier tandis que Philippe Alpy, malgré son investiture officielle, n’en recueille que 19,15 %. Finalement, c’est Jean-Pierre Gurtner qui sera élu au 2e tour face au candidat présenté par le Parti socialiste. Le même jour avait également lieu le second tour des élections municipales. À Frasne, il reste un poste à pourvoir et deux candidats sont en lice : Philippe Alpy est battu.

Le 16 juin 2002, Marcel Bonnot est élu député de la 3e circonscription du Doubs. En raison de cette élection et de la loi sur le cumul des mandats, il est obligé de démissionner de son mandat de conseiller régional et abandonne la vice-présidence du Conseil régional le 15 juillet 2002. Philippe Alpy lui succède jusqu’en mars 2004.

Quatre ans plus tard, en 2008, lors des élections municipales, Philippe Alpy n’est plus adhérent à aucun parti politique et se dit déçu par le monde politique de droite et ses querelles intestines. Dans sa propre liste, il a pourtant un adhérent de l’UMP, qui deviendra son 2e adjoint, tandis que la liste adverse en a au moins deux : la tête de liste, qui est par ailleurs la suppléante de Jean-Pierre Gurtner, candidat officiel de l’UMP aux élections cantonales (canton de Levier), et le secrétaire de la section UMP du Haut-Doubs, qui quittera ce poste peu de temps après. Il est élu au premier tour en 7e position sur 12 avec 52,12 % des voix.

Mais les amitiés sont comme le niveau d’un fleuve : il y a des hauts et des bas et le courant peut tout emporter. En deux ans, avec M. Alpy, on peut le vérifier. Quand il veut satisfaire ses ambitions, il sait louvoyer et calculer, que ce soit au niveau municipal ou plus haut.

Côté municipal, on a pu voir le résultat de son attitude avec la démission de sa 3e adjointe (voir la lettre de démission du 18 février 2009 >>>). Alors qu’il n’avait jamais voulu le dire franchement, dès son élection à la tête de la mairie, il lorgne aussi du côté de la présidence de la Communauté de communes. Mais comme il s’aperçoit vite que sa cote n’est pas aussi bonne qu’il le pensait auprès des autres élus du secteur, il préfère ne pas se présenter contre Claude Dussouillez et essuyer un échec.

Cela ne l’arrête pas. Pour les élections régionales 2010, il laisse de côté son « copain » Jean-François Humbert qui, dès l’automne 2009, avait pourtant annoncé qu’il présenterait une liste. Mais Jean-François Humbert, ancien président du Conseil régional (1998-2004) et élu sénateur en 2008, se trouve isolé au sein de la majorité présidentielle, ceci expliquant peut-être cela !

La suppression de certains TGV de la ligne Paris-Berne va favoriser son dessein puisqu’il côtoie alors certaines personnalités politiques locales et régionales. D’ailleurs, à ce sujet, une information circule disant que M. Alpy aurait fait une offre de candidature à Mme Marie-Guite Dufay (PS) pour être présent sur sa liste (il y en a qui font l’ouverture à gauche, alors pourquoi pas le contraire ?). Afin de confirmer ou d’infirmer cette information (info ou intox ?), ces deux personnes ont été contactées. En moins de trois heures, M. Alpy a fait savoir, par la secrétaire de la mairie de Frasne, que cette information « est erronée et fallacieuse ». Le candidat Alpy semble plus rapide pour répondre à ce message que le maire de Frasne dont j’attends une réponse depuis... le 16 septembre 2009. Quant à Mme Dufay, elle n’a toujours pas répondu (03/03/2010).

En vue des Régionales 2010, Philippe Alpy adhère à l’UMP. Sylvain Marmier, avec qui il travaille au GAEC des Lancieux à Frasne et qui est membre du bureau départemental de l’UMP du Doubs en tant que conseiller national, est certainement intervenu auprès de la tête de liste Alain Joyandet pour qu’il figure sur la liste UMP. Voilà donc le maire de Frasne en treizième position sur la liste de la Majorité présidentielle.

Avoir choisi comme candidat une personne qui interprète le Code des Communes à sa manière (comme vous avez déjà pu le constater) et qui a des attitudes antidémocratiques (voir la lettre de démission citée plus haut) est quand même singulier pour une liste qui aspire à diriger la Région. Comment le candidat Philippe Alpy pourrait-t-il avoir "un comportement exemplaire dans la gestion de l'argent public" (dixit M. Joyandet pour les candidats de sa liste) quand on sait que des dépenses supérieures à 7 400 € T.T.C. (agence de communication) ne sont même pas votées par le Conseil municipal de Frasne ? De plus, sa loyauté envers ses « amis » politiques peut prêter à caution.

Lorsqu’il était conseiller régional, qu’a-t-il fait en deux ans pour le Haut-Doubs et plus spécialement pour la Commune de Frasne ? Quels étaient ses rapports avec la municipalité de l’époque ? Quel fut son bilan ? On ne le sait pas vraiment.

S’il est élu, la Commune de Frasne y gagnera-t-elle quelque chose ? Il a déjà la réputation de ne jamais être présent à la mairie. Il est vrai qu’il aime cumuler les fonctions : maire de Frasne, vice-président de la Communauté de communes, président des A.D.M.R. du Doubs et aussi vice-président national de l’A.D.M.R. chargé de la communication. Peut-on être vraiment efficace en cumulant plusieurs mandats en plus d’une activité salariée ? En réalité, il donne plutôt l’impression de vouloir satisfaire ses ambitions personnelles.
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